mercredi 21 septembre 2016

Du neuf du côté de l'Océanie! #2

Voilà déjà plus de cinq ans que je découvrais l'existence des flûtes harmoniques de l'archipel Vanuatu, grâce à mon ami Carl qui m'en avait fait cadeau de deux exemplaires. Je t'en parlais brièvement dans cet article. Bien brièvement tant j'ai eu de difficultés à trouver de la documentation sur ces instruments.


J'ai eu l'opportunité récemment de faire l'acquisition d'une de ces flûtes dans la boutique en ligne de Pick & Boch dont je te parlerai sous cet article. Et à cette occasion, j'ai chiné avec un certain succès quelques sources bibliographiques sur la culture Vanuatu, sources bibliographiques qui me manquaient cruellement pour la rédaction de mon premier article.

Voici donc un carnet de voyage d'un voyageur immobile...


Aux dires de mes sources, la culture musicale ancestrale Vanuatu semble être restée très présente dans l'archipel et il est aisé, sur place, de trouver des informations sur les instruments traditionnels encore en usage de nos jours. Dans le reste de la Mélanésie, pourtant, la connaissance des instruments anciens s'est perdue très rapidement après la fin de leur pratique. Les descriptions écrites des premiers voyageurs ne sont pas assez détaillées. Cependant, il est possible de retrouver quelques pièces dans les musées.

L'instrumentarium Vanuatu est dominé par les idiophones et les aérophones. Alors que les membranophones sont nombreux dans le nord de la Mélanésie, cette famille n'est représentée que part un instrument dans l'archipel Vanuatu. Dans toute la Mélanésie, les cordophones sont rares.


Dans le groupe des idiophones, on retrouve principalement les tambours à fente disposés verticalement, le pied planté dans le sol. Sculptés dans des troncs d'arbres à pain, ces instruments monumentaux, jusqu'à 5m de haut, étaient surmontés d'une sculpture représentant la tête d'un ancêtre important ornée de sa coiffe traditionnelle et de ses signes honorifiques. Ces tambours, à la fois totems et instruments de musique, rythmaient les danses rituelles, mais servaient également de mode de communication.


La famille des aérophones est dominée par les flûtes. Sur base de la quantité d'instruments présentés dans les musées, il semble qu'une grande diversité de flûtes existait du temps des premiers voyageurs européens abordant les rivages de l'archipel. La plupart des types de flûtes traditionnelles étaient uniques et n'existaient nulle part ailleurs dans le Pacifique.


De nombreux types de flûtes de Pan, en radeau ou en faisceaux ont été utilisés traditionnellement mais ont aujourd'hui quasiment disparu des usages.


Photo : eBay




La flûte harmonique "Pau" est encore jouée de nos jours dans quatre îles de l'archipel, alors qu'elle était mise en évidence par les premiers voyageurs sur huit îles.

La flûte "Pau" est une flûte à encoche en bambou, le mode de production du son étant identique à celui de la kéna andine, du shakuhachi japonais ou de la xiao chinoise. Le musicien bouche l'ouverture de la flûte avec le dessous de la bouche, entre la lèvre inférieure et le menton, et souffle en direction du biseau formé par l'encoche.

L'instrument est d'assez grande taille et d'un diamètre étonnamment grand pour une flûte harmonique. Il présente de deux à trois trous de jeu selon les régions. Chaque trou permet d'obtenir jusqu'à cinq notes harmoniques en modifiant la puissance du souffle.


Le bambou dans lequel sera taillée la flûte est décoré sur toute sa longueur lorsqu'il est encore vert et frais : le verni naturel du bambou est incisé selon des motifs symboliques qui recouvrent en général toute la longueur du tuyau. Ces incisions géométriques sont recouvertes de pâte de charbon de bois, puis l'ensemble est lustré au lait de coco.

Les motifs représentés par ces scarifications du bambou se retrouvent dans les décorations de nombreux objets utilitaires ou artistiques. Ils sont chargés de symbolique : parmi ceux ornant mes flûtes, par exemple, le motif "iulun korgal", formé par de petits triangles blancs à l'intérieur d'un ovale noir, représente les plumes d'un oiseau de l'île d'Ambrym appelé korgal ; le motif "gehlan" représente une succession de triangles isocèles à base ovale qui symbolisent un visage humain (opposé à son négatif, la bouche du premier deviendra l’œil du second) ; le motif "dolondon" signifie la "parole du rat". Les autre motifs sont liés à la danse rituelle appelée "rom"

Motif "iulun kobal"
Motif  "gehlan"
Motif "robulana" - Symbolise les feuilles d'un hibiscus
Motif "dolondon"
Motif "tu tab'e'or"


Motif "nonoham" - Représente les vagues
Motif "tabu faea"
Motif "rom"


Enfin, c'est seulement lorsque le tuyau sera sec et qu'il aura pris sa teinte jaune que l'encoche et les trous seront taillés.

Voici à peu près tout ce que je peux te dire, en même temps que je l'apprends moi-même, sur les flûtes vanuatu.

Comme je te le disais, donc, je possédais déjà les deux premiers instruments ci-dessous. Note bien les motifs qu'ils représentent. La troisième flûte vient du webshop d'une incontournable enseigne lyonnaise dont je te parle ci-après.




















Sources :



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